Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Les dinosaures pour les nuls

Le 17 octobre 2013 par Christel Souillat

Avec un titre pareil, pas un lecteur du DinOblog ne devrait se sentir concerné par ce post. Il s’agit en fait de la célèbre collection Pour les Nuls que seuls ceux qui rentrent d’un voyage de 10 ans sur la lune peuvent ne pas connaître.

Pour les Nuls lance une nouvelle collection accessible aux enfants dès l’âge de 8 ans, troquant au passage son format carré pour un format plus grand, parfaitement adapté aux belles illustrations et à une mise en page très claire. Ce volume consacré aux dinosaures a été rédigé par le jeune et fringuant paléontologue Romain Amiot, chargé de recherche au CNRS. Il est illustré par l’artiste un peu moins jeune, mais tout aussi fringuant, Michel Fontaine, un des tout meilleurs illustrateurs de dinos disponible actuellement sur le marché.

Romain Amiot

Romain Amiot

Michel Fontaine

Michel Fontaine

Ces quelque 45 pages passent en revue tout ce que vous devez savoir sur les dinosaures en 2013, un livre clairement up to date qui vous apprendra des trucs tout neufs (si tu sais tout sur tout passe ton chemin) et qui remet bien les idées en place sur la filiation dinosaure-oiseau, sur l’apparition des plumes, etc.

Au détour d’une page on apprend que c’en est fini pour Microraptor de squatter la première place du classement des plus petits dinosaures de tous les temps. Quant au plus grand d’entre eux, retenez son nom : Amphicoelias, pas demain la veille qu’il perde sa première place.

Dans ce livre Anchiornis, le premier dinosaure dont on connaît la couleur, revêt son plumage d’origine, gris noir et les ailes rayées de blanc : quelle tristesse ! Heureusement on ne sait encore rien sur la couleur de Microraptor, du coup Michel Fontaine continue de nous faire rêver en offrant au petit théropode de longues plumes roses et pourpres du plus bel effet ; et on l’imagine sautant de branche en branche au milieu du feuillage vert profond d’un ginkgo.

Microraptor

Tout cela devrait donc faire taire ceux dont j’entends jusqu’ici, à Espéraza, le doux bougonnement : ouais, encore un livre sur les dinosaures ! Figurez-vous qu’après une petite enquête réalisée par le Musée des Dinosaures d’Espéraza auprès d’élèves de collèges et de lycées, nous avons constaté qu’en 2012, 90 % des ados continuent de représenter T. rex le buste droit, la queue traînant par terre. Aujourd’hui encore, on continue de lire ou d’entendre parler de l’ère Secondaire en lieu et place du Mésozoïque et ne parlons pas des ptérosaures encore considérés comme des dinosaures volants et des sauropodes représentés avec leur queue traînant au sol … Preuve qu’un gros travail de vulgarisation reste encore à faire et ce livre y participe grandement, d’autant qu’il est servi par un excellent niveau de vulgarisation (et en plus c’est très bien écrit), de quoi satisfaire les jeunes lecteurs qu’on ne prend pas ici pour des neuneus, et les adultes aussi s’ils ne veulent pas être vite dépassés par les événements.

Quant aux dinomaniaques et autres paléocollectionneurs d’images Panini, ils y trouveront leur compte avec la présentation pour la première fois dans un ouvrage destiné au grand public, de tout un troupeau de nouveaux dinosaures, de quoi renouveler le stock de noms pour vos dîners en ville, genre Dubreuillosaurus, Tianyulong, Juratyrant et mieux encore, Piatnitzkysaurus dans la série répète après moi !

Si cette collection ne répond pas au même cahier des charges que sa grande sœur Pour les Nuls dont les textes sont souvent plein d’humour (avec la science c’est du sérieux, aurait pu dire un de nos anciens présidents), la rigolade se niche toutefois dans les crobards et dans quelques titres.

Et pour faire taire ceux dont j’entends jusqu’ici, à Espéraza, le doux bougonnement : au DinOblog y font de la pub à leurs potes. Voilà une ch’tite critique trop négative : à quoi ça sert que Jean Le Loeuff et ses collègues se décarcassent à étudier les empreintes de pas de dinosaures pour leur consacrer seulement une phrase et une photo dans ce livre ? Quelques phrases de plus ne seraient pas de trop, histoire de mettre fin à des erreurs persistantes. Aujourd’hui par exemple sur le marché de la figurine de dinos, il est impossible de trouver un ankylosaure dont les pieds comptent quatre ou trois doigts, comme le montrent toutes leurs empreintes (et leurs squelettes). Leurs figurines ont toutes cinq doigts, les nuls.

Mais sachez que dès les vacances de la Toussaint, les enfants pourront découvrir au musée un nouvel atelier entièrement consacré aux empreintes de pas de dinosaures. Ils repartiront chez eux avec une empreinte de Grallator (empreinte de petit théropode) qu’ils auront eux-mêmes moulée. Elle pourra trôner sur la cheminée et c’est alors que la paléoichnologie, qui souffre d’un certain désintérêt général, va devenir tendance.

Les dinosaures, Grund, 45p. 9,95 €

Les dinosaures, Grund, 45p. 9,95 €

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Publié dans : Analyse de livre,Michel Fontaine

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6 Réponses pour “Les dinosaures pour les nuls”

  1. [...] Avec un titre pareil, pas un lecteur du DinOblog ne devrait se sentir concerné par ce post. Il s’agit en fait de la célèbre collection Pour les Nuls que seuls ceux qui rentrent d’un voyage de 10 ans sur la lune peuvent ne pas connaître.  [...]

  2. Aurélien Enthoven dit :

    Bonjour, je me doit de vous féliciter pour ce nouvel article créer récemment que je trouve très complet. Le Dinoblog devient de mieux en mieux et je suis content de voir que d’autres personnes partage mon avis sur les « nuls ». Quelle Réussite !

    Cordialement, Aurélien Enthoven

  3. Legonin dit :

    Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi il est scandaleux de parler d’ère secondaire plutôt que de Mésozoïque ?
    Je croyais que c’était pareil…

    Cordialement,

    PL

    • Ouh là, scandaleux ? Rassurez-vous personne n’a parlé de scandale… Secondaire c’est juste un peu désuet, pour ne pas dire ringard (ce qui ne nous empêche pas d’ailleurs de l’utiliser de temps en temps). L’on causa aussi autrefois d’ère des reptiles, ce qui n’était pas dénué d’une certaine poésie, mais géologues et paléontologues sont formels : aujourd’hui on parle de Mésozoïque, de Paléozoïque et de Cénozoïque. Alors pourquoi ne pas s’y mettre ? Mésozoïque est tout de même plus joli que secondaire, avec ce petit zozo qui détend avant le hoquet final…

  4. Legonin dit :

    Là, je suis flatté que ce soit vous qui m’ayez répondu. Dommage que j’habite aussi loin de chez vous (dans une région très métamorphisée, sans fossile à des km à la ronde).
    Pour ce qui est de la ringardise, pas grave, j’assume, à mon âge…
    Mais justement, j’ai le souvenir (peut-être pas fiable) que lorsque je faisais de la géologie (fin des années 60), le terme « ère 1aire, 2aire, tertiaire,… était plus moderne que « paléozoïque, mésozoïque, … » qu’on utilisait déjà. D’ailleurs, quand Franquin parlait du « voyageur du Mésozoïque » dans les années 50, cela faisait un peu désuet.

  5. Fontaine Michel dit :

    Je n’irai pas jusqu’à espérer que la nullité frappe le plus grand nombre d’entre nous, mais tout de même.
    Il n’est pas trop épais, il se glisse facilement dans une bibliothèque, il n’est pas cher…il est simplement indispensable !
    Merci au Dinoblog pour ce petit coup de pub !