Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Les amateurs connaissent Dominique Delpiroux, ci-devant journaliste à la Dépêche du Midi, et auteur à ses heures de quelques polars assez noirs chez l’Ecailler du Sud. Ses lecteurs assidus auront probablement remarqué chez lui une propension marquée à la métaphore dinosaurienne (ainsi lorsque son héroïne Camille, capitaine de police d’un mètre quatre-vingt-douze, « imite le regard du brontosaure, celui qui allie un clignement de paupière à un long mouvement plongeant des vertèbres du cou » dans Légionnaire Victor). C’est que notre auteur adore les dinosaures : il est d’ailleurs le biographe officiel d’Eva, titanosaure de l’Aude.

Mais ici, foin de la métaphore, enfin si un peu quand même… Cette fois Delpiroux se jette à corps perdu dans des histoires de dinosaures, de chercheurs de dinosaures, avec l’Opus Dei pas loin : la vraie raison de la démission de Benoît XVI ne serait-elle pas dans ces pages ? Et c’est du lourd, du Da Vinci Code version cassoulet toulousain, un roman polyphonique où l’on saute des années 2000 au Maastrichtien supérieur au détour d’une page, en passant par les exploits des deux curés les plus célèbres du Sud-Ouest : l’érudit chanoine Pouech (que ceux qui ne le connaissent pas lèvent la main) et le sulfureux curé Saunière de Rennes-le-Château, dont Delpiroux nous révèle quelques nouvelles turpitudes ainsi que les secrets de la fortune.

Simon, étudiant en paléontologie toulousain et héros du roman, est un grand gaillard en léger surpoids comme souvent les héros delpiriens (195 centimètres et 110 kilogrammes quand même) ; il est sans doute excessivement passionné par les dinosaures pour un scientifique en herbe, surnommant sa compagne Othnielia, du nom d’un gracile petit dinosaure. D’ailleurs, elle  le plaque. Et Simon, dont les méthodes de fouilles empruntent quand même un peu trop à celles des archéologues (celles des paléontologues sont souvent plus musclées), se met néanmoins à trouver des fossiles extraordinaires effleurés il y a bien longtemps par le bon Abbé Pouech, ce qui lui vaut de nombreux ennuis avec un gendarme catholique fortement intégriste, aux ordres d’une mystérieuse secte vaticane. Il rencontre aussi au fin fond de l’Ariège une troublante dentiste aux yeux violets qui semble en connaître un rayon sur la paléontologie et un cryptozoologue helvéto-turc qui ne lui veut que du bien. Les fossiles seront volés, et les forces du mal affronteront celles du bien, comme de bien entendu, mais peut-être Simon trouvera-t-il le repos auprès de la petite coupeuse de joints…

Et au détour de ces pages le Musée des Dinosaures d’Espéraza (« qui est aux paléontologues du grand sud ce que la Mecque est aux musulmans » dixit Delpiroux) et  l’Abbé Pouech, le découvreur des dinosaures du Sud-Ouest dans les années 1850, rentrent de conserve dans la littérature, ce qui comble d’aise l’auteur de ces lignes. Défilent aussi les quelques espèces de dinosaures qui vivaient dans le sud de la France à la fin du Crétacé : Ampelosaurus le sauropode, des théropodes féroces, mais moins que certains mammifères, et surtout quelques curieux hadrosaures qui pourraient bien avoir un rapport avec cette Main du Diable jadis découverte par Pouech et enlevée par le Vatican ou bien, peut-être, par quelque autre mystérieuse entité.

Je passe sur les documents secrets révélés par Delpiroux, telles les mystérieuses fouilles menées par de mystérieux paléontologues allemands dans le Miocène du Pakistan en 1939 et dont les ahurissantes découvertes furent anéanties par des bombardements alliés avant d’avoir été divulguées. Ou la correspondance de Buffon sur certaine sorcière du Jura. On aura compris que Les Doigts du Diable ne sont pas à mettre entre toutes les mains… Et bien sûr en écrire plus risquerait de dévoiler des ressorts secrets qui vous tiendront en haleine, aussi les autres personnages encore plus sensationnels sont-ils, volontairement, omis.

 

Dominique Delpiroux, 2011. Les Doigts du Diable, L’Ecailler, 404 p.

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Publié dans : Analyse de livre,Disparition des dinosaures,Littérature fantastique

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1 Réponses pour “Habemus Delpirum : Les Doigts du Diable de Dominique Delpiroux.”

  1. teodori dit :

    Je l’ai lu et j’ai bien aimé, surtout quand on habite dans la région

  2. [...] Les amateurs connaissent Dominique Delpiroux, ci-devant journaliste à la Dépêche du Midi, et auteur à ses heures de quelques polars assez noirs chez l’Ecailler du Sud.  [...]