Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Le dinosaure parachutiste savait-il vraiment voler ?

Le 17 juillet 2014 par Jean Le Loeuff

Un nouveau dinosaure à plumes vient de tomber, c’est Nature Communications qui nous en informe aimablement. Passons rapidement sur son identité, il s’appelle Changyuraptor, est chinois et crétacé, et c’est un cousin de Microraptor, le premier dinosaure à quatre ailes connu (pourvu de plumes sur les quatre pattes). Changyuraptor a de très longues plumes sur la queue : 30 cm pour une bestiole d’à peine plus d’un mètre.  La nouveauté c’est que contrairement à ses cousins, dont on nous a dit qu’ils planaient peut-être gracieusement de branche en branche, les communiqués de presse nous causent de Changyuraptor comme d’un dinosaure sachant voler !

C’est aller un peu vite en besogne, et ce n’est pas ce qu’écrivent les auteurs de l’article ! Ils insistent longuement, au moyen de trois équations un peu minables, sur le fait que grâce à ses très longues plumes de queue et celles de ses ailes arrière (ben oui faut bien différencier les ailes de devant et celles de derrière), Changyuraptor pouvait atterrir, ce qui est une autre paire de manche. Il n’est pas nécessaire de voler pour atterrir, le premier parachutiste venu vous le confirmera. Et je censure les autres exemples qui me venaient à l’esprit.

Changyuraptor (Nature Communications)

Or Changyu, appelons-le ainsi car il nous est sympathique, ce petit chinois, a des pattes de devant (ou plutôt des ailes de devant) fort mal conservées avec trois plumes maigrichonnes : impossible de définir si la bête avait des plumes aux bras lui permettant un vol soutenu… Cette queue aérodynamique aurait aussi pu permettre à son possesseur de contrôler son contact avec le sol à l’issue d’une chute sub-verticale, non précédée d’un vol battu horizontal. Un outil de chasse à l’affut ? Imaginez, vous êtes au Crétacé. Inférieur (le Crétacé). Il fait chaud. Perché sur une branche le petit prédateur aux longues plumes attend le passage de sa proie. Quand elle s’approche il saute et, au lieu de s’écraser lamentablement au sol comme vous et moi dans cette situation, il atterrit impeccablement grâce à sa queue emplumée et se tortore immédiatement la malheureuse victime terrorisée par l’arrivée aéroportée du prédateur. Le GIGN et les forces spéciales n’ont rien inventé, ce qui n’étonnera que les plus naïfs.

Et oui, ça déchire, je suis bien d’accord avec vous, mais voici la dernière hypothèse sur les techniques de chasse des dromaeosaures, du moins des plus petits d’entre eux. On sait en effet depuis Jurassic Park que les Velociraptor préfèrent chasser dans les cuisines de collectivité. En tout cas les auteurs de cette note, comme nous, se gardent bien d’évoquer les capacités de vol de Changyuraptor, insistant seulement sur sa technique d’atterrissage et gardant un silence troublant sur les hypothétiques phases précédentes du vol… Ce qui est un peu gênant quand même puisque le titre de l’article évoque les performances en vol des dromaeosaures ! Atterrir n’est pas voler, et le dinosaure volant n’existe donc pas encore* ou alors c’est un vulgaire oiseau !

 

*et qu’on ne me ressorte pas les calembredaines de mon camarade Cavin sur le sujet, merci !

 

Gang Han, Luis M. Chiappe, Shu-An Ji, Michael Habib, Alan H. Turner, Anusuya Chinsamy, Xueling Liu & Lizhuo Han, 2014, A new raptorial dinosaur with exceptionally long feathering provides insights into dromaeosaurid flight performance. NATURE COMMUNICATIONS | 5:4382 | DOI: 10.1038/ncomms5382

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Publié dans : Dinosaures à plumes,Evolution,Nouveautés,Théropodes

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1 Réponses pour “Le dinosaure parachutiste savait-il vraiment voler ?”

  1. [...] Un nouveau dinosaure à plumes vient de tomber, c’est Nature Communications qui nous en informe aimablement.  [...]

  2. Florent dit :

    La forme des plumes de la queue me rappelle beaucoup la queue du pic vert ou du pic noir. Elles sont droites et rigides, et elles permettent au pic de se tenir à la verticale le long du tronc, elles lui servent de troisième point d’appui, facilitant ainsi la recherche de nourriture le long des arbres… Rien à voir non plus avec le vol… Je vous lis souvent sans avoir jamais oser écrire un commentaire, mais je vois des pics tous jours et si les Changyraptors ont sauté des branches hautes, il a bien fallu qu’ils montent le long des arbres! La queue et ses plumes ne pourraient elles pas remplir cette fonction d’aide à la locomotion sur plan vertical? Merci M. Le Loeuff de nous éclairer si souvent de vos lumières.