Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Un contrebandier de dinosaures aux portes du pénitencier

Le 4 janvier 2013 par Christel Souillat

L’année 2012 s’est mal terminée pour un contrebandier américain qui voulait vendre aux enchères un squelette de tarbosaure, le cousin mongol du tyrannosaure. L’histoire a commencé en mai 2012 (nous vous en parlions ici) lorsque les autorités mongoles se sont émues de la mise en vente d’un squelette de Tarbosaurus à New York, squelette adjugé pour 1 million de dollars mais rapidement saisi par la police américaine car la loi mongole interdit l’exportation de fossiles (voir ici ). En octobre les agents du Homeland Security Investigations embastillaient le vendeur, un nommé Eric Prokopi (voir ici).

Ce marchand de fossiles de Floride plaide désormais coupable devant un tribunal de New York pour un bon nombre de délits liés à la contrebande de fossiles et a accepté de restituer sa petite ménagerie de dinosaures importés illégalement : soit quand même trois squelettes de Tarbosaurus, deux squelettes de l’hadrosaure Saurolophus, un Microraptor chinois et deux squelettes d’Oviraptor. Il risque une lourde amende et jusqu’à 17 ans de prison ; l’association des vendeurs de fossiles américains (qui se baptisent sans rire « association des sciences paléontologiques appliquées ») s’est même désolidarisée et a exclu Prokopi, qui était l’un de ses membres. Il n’y a plus guère que la presse locale de Floride qui prenne sa défense et il faut bien dire que Prokopi devient un bouc émissaire providentiel pour une profession légèrement embarrassée par cette affaire. Heureusement, personne n’a eu l’idée saugrenue d’aller vérifier qui avait vendu ces dernières années des squelettes de Protoceratops, Oviraptor, Saurolophus, Tarbosaurus ou encore des œufs d’Oviraptor, pour ne mentionner que quelques spécialités de Mongolie. Quant au butin récupéré par les agents fédéraux américains, il devrait bientôt s’envoler pour Oulan Bator où une exposition temporaire est prévue sur la place centrale, le feuilleton ayant paraît-il passionné la population.

C’est une excellente nouvelle pour les défenseurs du patrimoine paléontologique en Mongolie et ailleurs dans le monde. C’est en effet un coup d’arrêt porté, au moins aux Etats-Unis, à cette pratique très immorale de vendre aux enchères des fossiles volés. La vente de dinosaures mongols va donc devenir beaucoup plus compliquée et beaucoup moins rentable, ce qui ne peut que ralentir la destruction des sites du désert de Gobi.

Ailleurs dans le monde les législations sur le patrimoine paléontologique sont très variables, parfois inexistantes et parfois très strictes comme en Thaïlande ou en Chine. Il y aura bien sûr toujours des petits malins pour contourner ces lois mais ce que cette histoire américaine met en lumière, c’est qu’il ne suffira plus d’avoir exporté illégalement un fossile pour que sa revente devienne légale ailleurs dans le monde. A une condition néanmoins : que les autorités du pays lésé réagissent, ce qui était rarement le cas jusqu’ici. L’action du Président de la République de Mongolie pourrait donner des idées à d’autres chefs d’états concernés par ce trafic.

En Thaïlande les fossiles saisis par la douane finissent dans le bureau du Department of Mineral Resources de Bangkok. Varavudh Suteethorn, Eric Buffetaut et Jean Le Loeuff étudient la dernière prise.

Et le trafic de fossiles y fait la Une des journaux.

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Publié dans : vente de fossiles

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2 Réponses pour “Un contrebandier de dinosaures aux portes du pénitencier”

  1. Davidson dit :

    Autre histoire de grosses bêbettes ? A Lyon deux éléphantes, nos derniers mammouths, Népal et Baby, doivent être euthanasiées sur suspiscion de tuberculose, suspiscion non confirmée. Au regard de la Loi, suspiscion suffit, voilà voilà…

  2. jp burgas dit :

    elles devraient demander un passeport russe !