Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Archive pour juin, 2013

Abysses littéraires pour le cœlacanthe

Si la capture du premier cœlacanthe vivant en 1938 est considérée comme la plus grande découverte zoologique du 20ème siècle, il est des ouvrages traitant du fameux poisson qu’on aurait préféré savoir oubliés dans les profondeurs de l’océan livresque. Alors pourquoi étaler l’anatomie de ce nouveau venu sur les pages du DinOblog ? C’est que la créature est trop surprenante pour ne pas être disséquée. Une fois « Le cœlacanthe, une espèce animale à l’épreuve des médias » ouvert, le livre de Florent Barrère à l’épreuve de notre scalpel, les viscères se répandent aussitôt. Ils sont étranges et révèlent bien des difformités. Les erreurs sont aussi abondantes que le sont les écailles « pédonculées » (sic) sur le corps de notre poisson. En voici une petite sélection. Lire plus…

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Un fossile de la taille d’une souris fait trembler la base des branches de l’arbre phylogénétique des primates et apporte des informations cruciales sur l’origine du groupe.

Reconstitution d’Archicebus. Copyright X. Ni.

Reconstitution d’Archicebus. Copyright X. Ni.

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Dans un très intéressant article à paraître dans la revue Acta Palaeontologica Polonica, quatre paléontologues (les chinois Qi Zhao et Xing Xu, l’écossais Michael Benton et l’allemand Martin Sander) font le point sur les assemblages de bébés dinosaures découverts en Chine, notamment ceux de Psittacosaurus. Les psittacosaures sont de petits dinosaures herbivores du Crétacé inférieur (vers 125-130 Ma) proches des cératopsiens, dont les adultes atteignaient entre un et deux mètres de long. En 2004 une équipe chinoise avait décrit dans la revue Nature 34 bébés psittacosaures fossilisés ensemble avec le crâne d’un adulte interprété comme celui d’un parent protégeant le nid. Hélas le résultat des investigations de nos quatre paléontologues est sans appel : il semble bien que le crâne de l’adulte ait été opportunément ajouté à ce cimetière de bébés, et tout simplement collé dessus pour faire plus joli ! C’est hélas une pratique en vogue en Chine où les fossiles sont en général découverts par des paysans et revendus par des margoulins qui n’hésitent pas à « améliorer » leurs fossiles pour mieux les vendre. On se souvient du célèbre « archeoraptor » qui se révéla être un faux grossier, mélange d’os d’oiseaux et de petit dinosaure carnivore. Tout récemment un oiseau censé être plus vieux qu’Archaeopteryx a été décrit dans Nature, mais selon des rumeurs colportées par la revue concurrente Science il proviendrait en fait d’une formation plus récente, ce qui avait été dissimulé aux auteurs de l’article. Plus vieux, ou plus extraordinaire, donc plus cher…  Voilà à quoi s’exposent les paléontologues quand ils décrivent des fossiles à la traçabilité douteuse passés entre les mains de plusieurs revendeurs ! Il semble malheureusement que dans certaines régions de Chine ce soit la seule façon de récupérer des fossiles pour qu’ils puissent être étudiés. La revue Science la semaine dernière mettait d’ailleurs en garde contre cette avalanche de faux qui, selon le paléontologue chinois Wang, vont « hanter la paléontologie chinoise dans les 100 prochaines années ».  Certains paléontologues exigent désormais que tout fossile en provenance de Chine subisse une série de scans pour s’assurer que ce n’est pas une contrefaçon…

Un faux : le crâne de sub-adulte a été collé sur les squelettes de bébés psittacosaures (Nature, 2004).

Mais revenons à nos bébés psittacosaures. Si le crâne de l’adulte a été rajouté, il appartenait de toute façon à un individu de 6 ans, donc plus jeune que la maturité sexuelle estimée à 10 ans pour cette espèce, et ne saurait évidemment être le parent de ces 34 petits (j’ignore si c’était un papa ou une maman, ce qui n’est pas très grave vu que ce n’était ni l’un ni l’autre). Zhao et ses collègues pensent cependant que les 34 petits, morts à l’âge d’un an, constituent une  association authentique : ils ont bien été fossilisés ensemble et ne devraient rien aux truquages de quelque artiste chinois… Ils décrivent ensuite un autre assemblage de 6 bébés psittacosaures fossilisés ensemble. L’étude de leurs tissus osseux montre que cinq étaient âgés de deux ans et un de trois ans. L’analyse des sédiments recouvrant les six petits squelettes suggère qu’ils ont été recouverts par un lahar (une coulée de boue consécutive à une éruption volcanique) et que ces charmants petits animaux ont donc trouvé la mort ensemble. On en déduit qu’ils vivaient ensemble, sans doute à l’écart des adultes, entre psittacosaures du même âge. Pourquoi cette séparation entre adultes et juvéniles ? Probablement parce qu’ils ne se nourrissaient pas des mêmes végétaux : les squelettes des psittacosaures adultes présentent très souvent des amas de gastrolithes qui les aidaient à broyer dans leur estomac une végétation très dure, or ces gastrolithes sont systématiquement absents chez les juvéniles qui devaient donc avaler une végétation plus tendre. Se regrouper entre jeunes d’une même classe d’âge devait aussi permettre aux psittacosaures abandonnés par leurs parents indifférents de se défendre plus facilement contre les nombreux dangers qui les guettaient : on a retrouvé quelques morceaux de squelettes de jeunes psittacosaures dans l’estomac  de Repenomamus, un gros mammifère contemporain…

Un vrai : 6 jeunes psittacosaures fossilisés ensemble (Acta Palaeontologica Polonica, sous presse).

Ces réflexions sur la dangereuse jeunesse des psittacosaures peuvent être étendues à d’autres groupes de dinosaures, notamment à tous les dinosaures herbivores. Des jeunes de quelques dizaines de centimètres de long pesant quelques kilogrammes ne se nourrissaient certainement pas des mêmes végétaux que leurs aînés de plusieurs tonnes. Quant à la réalité de la ségrégation entre groupes d’adultes et de jeunes, l’étude des empreintes de pas, la paléoichnologie, est probablement la plus à même de fournir des réponses, mais ce sera l’objet d’un futur billet. C’est aussi une discipline où, pour l’instant, le truquage des fossiles n’est pas à la mode.

Il est quand même assez fascinant de constater qu’au pays des ingénieux fabricants de fausses Rolex d’autres se sont mis au faux dinosaure avec beaucoup de talent. Et comme pour nombre de paléontologues si à 50 ans t’as pas décrit un dinosaure chinois dans Nature ou Science t’as raté ta vie, les faussaires ont de beaux jours devant eux…

 

Qi Zhao, Michael J. Benton, Xing Xu, & Martin J. Sander (sous presse) Juvenile-only clusters and behaviour of the Early Cretaceous dinosaur Psittacosaurus. Acta Palaeontologica Polonica.

Qingjin Meng, Jinyuan Liu,David J. Varricchio, Timothy Huang, & Chunling Gao, 2004. Palaeontology: parental care in an ornithischian dinosaur. Nature, 431, 145‐146.

Michael Balter, 2013. Authenticity of China’s fabulous fossils gets new scrutiny. Science, 340, 1153-1154.

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Barbaturex, le lézard géant de Jim Morrison

Voici l’histoire d’un lézard birman vieux de 37 millions d’années. Ses ossements ont été découverts au milieu de nombreux restes de mammifères de la Formation Pondaung, au centre de la Birmanie, par une équipe de paléontologues américains.  Le nom Rock’n Roll donné à cette nouvelle espèce aurait-il dû être la seule raison pour qu’on en cause dans le poste ? Lire plus…

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