Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Articles taggés ‘Eric Buffetaut’

… people find what they want to find and see what they choose to see (Carola Hicks, 2007).

On a longtemps pensé que de grands oiseaux terrestres, incapables de voler, n’avaient pu évoluer qu’au Tertiaire, après la disparition des dinosaures. Auparavant, ces derniers ne leur auraient laissé aucune possibilité de développement. Une fois les « grands reptiles » disparus, d’énormes oiseaux, les Gastornithidae, peuplèrent les continents au Paléocène et à l’Eocène, semant la terreur parmi les petits mammifères de cette époque (c’est du moins l’image d’Epinal à leur sujet. Etaient-ils vraiment carnivores, c’est une autre histoire… ).

De fait, la plupart des oiseaux crétacé connus (et on en connaît désormais des quantités, grâce notamment au zèle des paléontologues chinois) sont plutôt petits, dépassant rarement la taille d’une poule. Mais au début des années 1990, Patrick et Annie Méchin découvrent sur le site Crétacé supérieur de Bastide-Neuve, à Fox-Amphoux (Var), un morceau de sacrum qui appartient manifestement à un oiseau, lequel n’a rien de petit puisque ses dimensions suggèrent un animal de la taille d’un casoar, voire d’une autruche. Cette découverte inattendue est signalée dans la revue Nature en 1995. Alors même que l’article en question paraît, un spécimen plus complet, comprenant le sacrum et une partie du bassin est découvert à Campagne-sur-Aude (Aude), lors des fouilles menées par le Musée des Dinosaures d’Espéraza, puis un fémur d’un très gros oiseau est trouvé dans le gisement de Combebelle, dans l’Hérault. Ces os sont décrits en 1998 comme ceux d’un oiseau géant, approchant la taille de l’autruche, qui reçoit le nom de Gargantuavis philoinos (l’allusion à Gargantua est claire, le nom d’espèce signifie en Grec « qui aime le vin », car il se trouve que tous les restes connus de cet oiseau ont été trouvés à proximité immédiate de vignes – peut-être parce que les paléontologues aiment fouiller au milieu des vignes). Lire plus…

Facebook Twitter Email

Dès lors, c’est la guerre. Ameghino se retrouve une nouvelle fois sans poste académique, et de nouveau il se tourne vers le commerce pour s’assurer un revenu, et ouvre une nouvelle librairie-papeterie (au nom moins pittoresque), cette fois à La Plata. Pendant plus de dix ans, il va non seulement subvenir ainsi aux besoins de sa famille (y compris ses deux frères), mais aussi financer de nombreuses expéditions menées par Carlos dans les parties les plus reculées de la Patagonie – complétant il est vrai les revenus de la librairie par la vente de collections de fossiles à des musées européens, notamment à Munich et à Londres, et quelques rares subventions officielles. Il faut dire que Carlos est un excellent géologue et paléontologue de terrain, qui amasse des quantités impressionnantes de fossiles que son frère décrit avec sa célérité habituelle (et en donnant un nouveau nom à chaque spécimen, mais à cette époque il n’était pas le seul à faire ainsi). La Patagonie, à cette époque, est un peu à l’Argentine ce que le Far West est aux Etats-Unis : une vaste contrée semi-désertique pas encore très civilisée, mais incroyablement riche en fossiles.

Moreno, qui n’est pas à proprement parler un paléontologue même s’il a récolté des fossiles lors de ses explorations, n’entend pas laisser le champ libre aux frères Ameghino. Le Museo de La Plata envoie donc ses propres employés à la recherche de fossiles, innovant parfois en la matière. Ainsi en 1889, Moreno fait réaliser dans les ateliers du musée une barque à fond plat qui permettra à MM. Botello et Steinfeld, envoyés par le musée, de remonter le Rio Chubut, à la recherche d’os de dinosaures – Barnum Brown n’avait rien inventé, vingt ans plus tard au Canada (si le lecteur ne voit pas ce que je veux dire, une visite au Musée des Dinosaures s’impose, ou encore la lecture de l’excellent ouvrage de Jean Le Loeuff, T. rex. Tyrannosaurus et les mondes perdus, Editions du Sauropode, 2012 en vente sur www.editions-sauropode.com). Lire plus…

Facebook Twitter Email

Journée de Mai à La Plata. Les feuilles tombent, il pleut doucement, l’Argentine en automne peut ressembler à la Normandie. Le Museo de La Plata est une immense bâtisse néo-classique, avec tout ce qui fait la beauté des musées d’histoire naturelle, y compris les bustes de naturalistes célèbres le long de la façade. Cependant nous sommes en Amérique du Sud, pas de sempiternels lions couchés de part et d’autre du grand escalier extérieur, mais de superbes « esmilodontes », comme on dit ici, aux longues canines.

A l’intérieur, des galeries comme on les aime, pleines de spécimens, actuels ou fossiles. Tout n’est pas de première fraîcheur, mais la modernisation est en route, on espère qu’elle conservera le charme de ce musée ouvert au public en 1889. Les paléontologues peuvent s’en donner à cœur joie, surtout s’ils aiment les glyptodontes, ces charmantes bestioles cuirassées grouillent de toute part. Les amateurs de paléocoprologie seront aussi comblés, par de magnifiques bouses d’un paresseux géant découvertes au Chili, dans la fameuse grotte d’Ultima Esperanza (tout un programme…). Et puis si on en a assez du dépaysement et de la faune endémique sud-américaine, on peut toujours admirer les moulages du Diplodocus de Carnegie et de l’Iguanodon  de Bernissart… Lire plus…

Facebook Twitter Email

160 pages d’histoire de la paléontologie en français, ça ne vous tombe pas tous les jours entre les mains ! On ne peut que féliciter l’éditeur de Louviers, Ysec, de cette initiative. Quant à l’auteur il y a longtemps déjà qu’on ne le présente plus. Mais pour ceux qui ignoreraient ce détail de sa biographie, soulignons qu’il est Normand et qu’au milieu d’une très abondante production scientifique, il a décrit de nombreux restes de dinosaures de Normandie au cours des dernières décennies. Car le dinosaure peut être normand, c’est même l’une des régions de France où depuis plus deux siècles on exhume régulièrement des ossements de ces grosses bêtes. Georges Cuvier lui-même a décrit des vertèbres de dinosaure carnivore d’Honfleur à l’aube du XIXe siècle, pensant avoir affaire à un gigantesque crocodile. Le grand spécialiste américain des dinosaures Othniel Charles Marsh se déplacera en personne en 1897 pour examiner les ossements conservés à Caen et au Havre : il y reconnaît quelques ossements de sauropodes. Un peu plus tard, en 1911, c’est cette fois le célèbre paléontologue austro-hongrois Nopcsa Ferenc qui décrit le squelette d’un stégosaure découvert par le géologue Emile Savalle à Octeville. Les découvertes s’accumulent pendant 150 ans sous la houlette de quelques savants normands comme Jacques-Amand et Eugène Eudes-Deslongchamps ou Alexandre Bigot. Manque de bol, en 1944, les bombardements alliés vont raser l’Université de Caen et le Muséum du Havre : en miettes le stégosaure d’Octeville, le mégalosaure de Sainte-Adresse ou le mystérieux iguanodon de Bléville… Lire plus…

Facebook Twitter Email

Ronan Allain, du Muséum national d’Histoire naturelle et son équipe franco-laotienne viennent de publier la description d’un nouveau spinosaure, découvert dans la province de Savannakhet au centre du Laos (pour les amateurs il s’agit bien du Savannakhet de la mendiante de Marguerite Duras, au bord du Mékong). Charmant endroit que  ce village de Tang Vay, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière siamoise, où des chercheurs français ont repris depuis une vingtaine d’années, à l’initiative de Philippe Taquet, les travaux initiés dans les années trente par le géologue Josué Hoffet. Bref, le dinosaure décrit dans la revue germanique Naturwissenschaften, porte le doux nom d’Ichthyovenator laosensis, soit le pêcheur du Laos (ou plutôt le chasseur de poissons pour les puristes). Lire plus…

Facebook Twitter Email