Le Dinoblog

La paléontologie dans tous ses états, par l'équipe du musée des dinosaures

Archive pour 2012

Le Musée des Dinosaures a ouvert ses portes le 27 juin 1992. Mais avant d’en arriver là et de vous raconter les 20 années qui ont suivi, remontons le temps pour mieux comprendre les raisons qui ont poussé les paléontologues à venir s’installer dans cette région isolée de l’Aude.

Il y a 70 millions d’années, à la fin de l’ère Mésozoïque, la Haute Vallée de l’Aude était une plaine. Les Pyrénées n’existaient pas encore et le paysage était uniformément plat depuis le Massif Central jusqu’au centre de l’Espagne. De grands fleuves drainaient la plaine audoise et se jetaient dans la mer au niveau d’un important delta situé à l’emplacement de l’Ariège (la mer arrivait alors aux environs de Toulouse). Le climat était tropical, de type mousson, avec une saison humide et une saison sèche. Toute cette région, de la Provence au Pays Basque espagnol, grouillait d’une vie intense. Différentes espèces de dinosaures y vivaient, herbivores et carnivores, ainsi qu’une foule variée d’autres animaux, de la grenouille au crocodile.

Les plaines et les fleuves où vivait cette faune abondante se sont fossilisés sous la forme de roches qui affleurent aujourd’hui dans la Haute Vallée de l’Aude : les grès et les conglomérats sont d’anciens lits de rivières ; les marnes rouges, qui donnent une couleur si particulière à la région, correspondent aux limons de la plaine alluviale, les calcaires, qui forment les plateaux de la Haute Vallée, sont d’anciens lacs qui recouvrirent la région après la disparition des dinosaures.

C’est dans ces roches, déformées et redressées lors de la formation des Pyrénées, que l’on retrouve aujourd’hui les restes des dinosaures qui vécurent dans cet environnement il y a 70 millions d’années environ (durant le Maastrichtien). Les squelettes de dinosaures morts durant la saison sèche, au bord des fleuves, furent emportés par les crues durant la mousson. Les ossements disloqués se déposèrent en aval, dans les méandres, contre des bancs de sable.

Depuis quelques milliers d’années seulement, l’Aude actuelle a creusé peu à peu sa vallée, entamant ainsi les couches géologiques anciennes qui contiennent les dinosaures. C’est grâce à cette longue histoire que l’on retrouve aujourd’hui des restes de dinosaures dans la Haute Vallée de l’Aude et plus particulière dans ce méandre devenu le gisement de Bellevue. Lire plus…

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Un « Alien » dans le Var

C’est l’histoire d’un caillou oublié dans les collections du musée de Toulon et du Var. Il y a quelques années, Stephen Giner, conservateur dudit musée, observe la présence de dents à la surface d’un bloc découvert il y a quelques temps dans des roches du Crétacé inférieur qui affleurent près du Siou Blanc, au nord du Beausset dans l’arrière-pays de Toulon. Stephen montre alors le spécimen à Eric Buffetaut qui constate la présence d’un capuchon d’émail hyperminéralisé à l’apex des dents, un caractère qui trahit la nature ichthyenne de l’animal.

Le fossile avant sa préparation

Le spécimen est transféré alors au muséum de Genève qui accueille volontiers les poissons fossiles en quête d’identité. Mais à part ces quelques dents, d’ailleurs très jolies et fort grandes pour un poisson, pas grand-chose d’autre de l’animal n’est visible. On entreprend de dégager le reste du fossile à l’acide. Cette technique, régulièrement utilisée pour préparer des fossiles de vertébrés, consiste à plonger le spécimen dans un acide dilué, dont la nature dépend de la matrice, de façon à dissoudre la roche carbonatée sans attaquer le fossile qui est, lui, phosphaté et donc inattaquable (en principe du moins). C’est rapide à dire, mais c’est long à faire… Pierre-Alain Proz, collaborateur scientifique au département de géologie et paléontologie du muséum de Genève, entreprend l’opération. Le bloc est plongé pendant plusieurs heures dans un bain d’acide, puis il est rincé à l’eau pendant plusieurs heures, séché, les parties du fossile nouvellement dégagées sont consolidées, et l’opération recommence. Après quelques mois de ce traitement, la roche disparaît et le fossile apparaît, pour notre plus grand plaisir. Comme la taille initiale du bloc le laissait prévoir, un poisson entier n’est pas apparu miraculeusement. Mais un joli fragment de mâchoire, avec plein de dents partout, s’est dévoilé. Lire plus…

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Les plumes du dinosaure de Sissel-Jo Gazan

Un polar paléontologique où l’on assassine des paléontologues sur fond de polémique scientifique, rien de tel pour passer un bon moment sur la plage ou sur un chantier de fouilles… Et pour faire encore plus tendance, c’est un polar scandinave (nul n’ignore que ces derniers temps, mieux vaut être né(e) au nord du 55e parallèle pour publier des histoires policières) puisque son auteure est une écrivaine danoise, qui a personnellement fréquenté des savants (danois) durant ses études de biologie à Copenhague. La polémique sous-jacente, c’est celle de l’origine des oiseaux, délicat sujet que doit traiter l’héroïne, Anna, dans un mémoire dirigé par la première victime, qui défend mordicus leur origine dinosaurienne. Un chercheur américain qui soutient, malgré l’invasion des dinosaures à plumes une origine non-dinosaurienne, est soupçonné. S’ensuivent, l’on s’en doute, rebondissements et morts brutales qui déciment la science copenhagoise.

Outre le coupable, on découvrira in fine que les oiseaux sont bien des dinosaures, au grand désespoir du savant américain qui ne changera d’ailleurs pas d’avis. Un livre divertissant, quoique assez pessimiste sur le fonctionnement de la science, où quelques-uns des protagonistes ont plus d’un point commun avec des paléontologues bien connus.

Sissel-Jo Gazan, Les plumes du dinosaure, Le Serpent à plumes, 2011, 528 p., 26 €

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En nous plongeant dans les histoires rocambolesques de la paléontologie argentine de la fin du 19ème siècle, Eric Buffetaut est revenu sur le contexte mouvementé de la découverte de Phorusrhacosoiseau-terreur membre de la famille des phorusrhacidés. Cette famille, sans représentant actuel mais vraisemblablement proche des cariamas, regroupe pour la plupart de grands oiseaux aptères (dépourvus d’aile) prédateurs ou charognards originaires d’Amérique du Sud qui vécurent entre le début du Paléocène et le Pléistocène (plus exactement entre – 59 millions d’années et – 10 000 ans). Si la découverte d’un phorusrhacidé a été rapportée dans le registre fossile tertiaire européen, son attribution a été largement contestée et il a depuis été placé dans une nouvelle famille, les Ameghinornithidae (un nom qui nous est désormais familier) en dehors de la superfamille des phororhacoïdes. Ainsi, les phororhacoïdes sont à ce jour absents du continent Laurasie (supercontinent du Nord) pendant le Paléogène (de – 65 à – 23 millions d’années), et ils étaient jusqu’à récemment totalement inconnus en Afrique. Lire plus…

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« Maman, c’est quoi un Tyrannosaure ? » Voici une question qui nous apparaît bien peu familière tellement la terreur du Crétacé semble ancrée dans l’imaginaire collectif. Pourquoi un tel engouement autour de ce « terrible lézard » ? Comment, en moins d’un siècle, le pompeux Tyrannosaurus rex est-il devenu cette bête de scène mieux connue sous le nom de T. rex (prononcer « Tea rex » en version anglaise) ? Jean Le Loeuff se propose de revenir sur les origines du mythe dans son ouvrage intitulé « T. rex – Tyrannosaurus et les mondes perdus ». Bien plus encore que la bête elle-même, la sortie d’un énième ouvrage relatant les exploits du dino préféré de nos chères têtes blondes s’annonçait comme terrifiante. Mais l’auteur a réussi un pari risqué, celui de parler sérieusement de paléontologie sans se prendre au sérieux. Lire plus…

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